" Le commandant se tenait au milieu de sa cour, la cravache sous le bras, les bottes trempées de sueuret molles de tristesse, les éperons tombant sur les talons, l'habit tout fripé de désespoir.
- Cosaque! D'abord, tu es bossu, bossu...Bossu... Voyons, qu'est ce qui t'a amenéce matin ?...Tu ne réponds pas?... Je vais te le dire: C'est la Providence qui t'a amené...Pourquoi ?... Parce qu'elle t'a mis sur un cheval qui est une véritable merveille...un cheval qui va tout seul...un cheval qui t'avance d'un an sur tes camarades... Si les écuyers dressent les chevaux, ce sont les chevaux qui dressent les cavaliers...Donne la rêne gauche...Ciel! quel bousillage! Halte! Repos! Par curiosité, dis-moi, qui t'a mis à cheval?
-J'ai appris quinze ans au manège Dupleix, sur des chevaux d'artillerie...
Le dégoût du commandant ne connut plus de bornes.
- Alors, je t'absous. Des chevaux d'artillerie! Autant monter sur une plate-forme de tramway.
Les traits du maître tombèrent, ses bras tombèrent aussi, puis sa bouche, puis son nez et ses épaules." (...)
Milady... De Paul Morand.