vendredi 23 décembre 2016

Souvenirs Équestres

Par François Baucher
Partisan Capitaine Buridan
Dessins d'après nature de M.L. Heyrauld

"Le mouvement le plus simple est souvent contre nature entre des mains inhabiles, tandis que le mouvement le plus contraires aux dispositions instinctives du cheval , prend,  sous un écuyer intelligent, un caractère naturel. L'avantage de ces grandes difficultés vaincues est incalculable pour la science, c'est alors que l'équitation a sa poésie et que le drame équestre commence."

1840

mercredi 21 décembre 2016

Milady

Jacques Dufilho sous les consignes de Patrick Le Rolland

Nuno Oliveira

La rencontre... le personnage
Vu par Michel Henri que

Vingt sept ans à ses cotés en rêvant d'abord de capter quelques bribes de son savoir ou de ses secrets, pour comprendre vite que, là, n'était pas la bonne voie, mais celle du laboureur : « étudiez, réfléchissez, travaillez, prenez de la peine ».

Ce fut ensuite l'attachement progressif, la dépendance créée par la passion partagée, l'admiration de celui qui veut savoir pour celui qui sait, la reconnaissance pour ce qu'il reçoit et recevra encore.

Puis, brutalement, une nuit de janvier 1989 la stridence du téléphone, la voix étranglée de chagrin de Branca, Nuno vient de mourir !

Reviennent alors les premières images, l'équilibre d'un bronze équestre de Donatello, la magnificence du mouvement fixé sous le pinceau d'un Velasquez ou gravé par le burin d'un Crispin de Pas, le rythme feutré de ses allures, le rêve passe.

Trente ans plus tôt, je venais de décider de mettre un terme à une longue expérience bauchériste menée sous l'autorité compétente de l'excellent René Bacharach, élève de Beudant, disciple inconditionnel de Baucher.

J'avais été fasciné par son initiation aux grands principes de ses maîtres et par leur partie émergente : la légèreté. Sa culture littéraire et historique de l'équitation était pour moi une autre découverte.

Cependant les résultats très décevants de l'application rigoureuse de la méthode bauchériste, surtout en considérant que mes maîtres l'utilisaient depuis plus de trente ans, commençaient à me poser des questions. L'un d'eux, le colonel Bouhet me dit un jour : « Cet équilibre que nous cherchons, je l'ai vu chez les meilleurs cavaliers tauromachiques avec leurs merveilleux chevaux, mais c'était très empirique. Vous devriez tout de même aller voir de ce côté là ».

Muni d'adresses dont une menait au « sanctuaire », je pris mon billet d'avion lorsqu'un événement inattendu m'obligea à ajourner mon départ. Mon ami Jean Persin, autre bauchériste, m'offrit de partir à ma place. Trois jours après, il était de retour .

« Voici ce que je ramène, qu'en pensez vous ? » me dit-il en extirpant de sa poche un paquet de photos. J'étais stupéfié, j'avais sous les yeux un écuyer et ses chevaux dans les plus belles attitudes classiques de l'imagerie équestre du Grand Siècle.

« Je suis soulagé » me dit alors Persin, « car il sera chez vous demain, il va présenter un cheval à Genève et a accepté de s'arrêter en route,je vais le chercher à Orly et l'amène ici ».

Eteinte la dernière image des films qu'il avait apporté, le général de Champvallier, bauchériste radical, s'incline devant lui :

»Maître, voilà cinquante ans que je vous cherche, je crains que pour moi il soit trop tard », et moi, encore éblouis, lui demande « comment êtes vous ce que vous êtes ? » « Par nos chevaux (ibériques) » me répond il simplement.

Je venais de découvrir la réincarnation des écuyers de Versailles et avec lui le « Cheval des Rois » le pur sang ibérique.

Le manège de Povoa de Santa Adriao

Huit jours plus tard, je matérialisais mon rêve au modeste manège du Maître à Odivelas, banlieue de Lisbonne : deux travées d'une suite de vieux ateliers, l'une de 25x12m, le manège avec sa tribune bureau, l'autre de mêmes dimensions, l'écurie avec une douzaine de chevaux. Le tout d'une simplicité spartiate mais qui m'impressionna autant que le Manège de la Hoffburg sous ses lustres de cristal.

Aussitôt installé dans la tribune, le Maître entama la reprise de Beaugeste au son du concerto de l'Empereur. Je pris alors conscience que ma quête s'achevait et qu'une autre aventure débutait.

A cette époque, Nuno Oliveira avait trente cinq ans. Sa réputation était déjà bien établie auprès des éleveurs et de quelques étrangers résidants. Il travaillait ses jeunes chevaux dès six heures du matin et présentait les plus avancés en début d'après midi. Il reprenait ensuite des chevaux d'obstacles au refus et des chevaux tauromachiques perturbés.

L'ambiance était extraordinaire surtout le soir lorsque les éleveurs rentraient de leurs élevage en tenue de campagne et que quelques officiers de l'Ecole de Cavalerie de Maffra, venaient suivre l'évolution de leurs chevaux.

Messieurs les Ambassadeurs de France et de Suisse montaient régulièrement, la princesse de Barcelone, s¦ur du futur roi d'Espagne, recevait sa leçon. Les enfants qui tournaient en longe, sont aujourd'hui parmi les meilleurs cavaliers du Portugal.

Après que nous eûmes fait part de notre découverte à la presse équestre, les cavaliers arrivèrent du monde entier. Les premiers me reprochèrent ensuite la sérénité perdue, pouvais je garder pour moi le bonheur d'un talent rare, qui, par lui-même aurait suffit tôt ou tard à se propager.

En 1964, le rédacteur en chef de l'Eperon, François de la Sayette, enthousiasmé, décida d'organiser chez moi la présentation de Nuno Oliveira au monde équestre français. Devant la presse, les champions d'obstacle et de dressage, le Cadre Noir, les généraux commandant l'Ecole de Cavalerie, l'Ecole de Guerre, la Fédération Française, en deux soirées de 300 personnes,on projeta ses films et il monta deux de mes jeunes chevaux.

Plusieurs jours après,Mr. Renom de France, président de la F.E.F. me fit part de cette réflexion du général Noiret au Colonel Margot qui était à Tokyo le jour de la réception : « on a vu cette semaine un jeune cavalier portugais chez qui nos écuyers peuvent aller apprendre à monter à cheval ».

L'Ecuyer et l'Homme

Comment expliquer les différentes facettes de ce personnage attachant et difficile. D'un abord ouvert et chaleureux aux nouveaux venus qu'il voulait séduire, il était parfois terriblement ingrat et injuste avec ses plus fidèles amis et élèves.

Il avait les réactions imprévisibles d'un artiste écorché par l'inquiétude. Conscient de son talent et désireux de l'affirmer au monde équestre qui l'ignorait, il se laissait parfois aller à des prestations improvisées et tombait dans des pièges. C'est ainsi que dans un film récemment diffusé, il m'a, pour la seconde fois, fait autant souffrir que voici quarante ans au Gala de la Piste. N'ayant pas de chevaux au point pour répondre à cette invitation prestigieuse, il avait repris le cheval Euclide vendu un an plus tôt, totalement détraqué et ne l'avait remonté qu'une fois avant le spectacle !

Il s'est toujours attaché à monter des chevaux médiocres, un peu par économie mais aussi pour le plaisir de réussir malgré eux. Si les résultats étaient toujours positifs, il ne pouvait tout de même pas faire des cygnes avec des canards.

Il avait raison quand il me disait en parlant d'un mauvais cheval : « connais tu quelqu'un qui aurait pu l'emmener à ce niveau ? » Mais cette attitude naïve le desservait finalement. Il vivait dans un rêve qui l'aveuglait sur les réalités quotidiennes. Très attaché aux siens, il ne voyait pourtant les problèmes de chacun que trop tard.

Cet immense artiste qui aurait du être à l'abri de tout besoin, est mort en Australie sans avoir, sur son compte, de quoi rapatrier son corps. Son fils Joao a du vendre ses chevaux d'instruction pour payer le grainetier. Tout cela après vingt ans d'une carrière internationale.

Son attitude était toujours dominante, si quelque chose lui déplaisait, il regardait son interlocuteur à pied ou à cheval sans le voir, comme s'il était transparent.

Alors que nous allions voir un cheval au jockey club de Lisbonne, l'écuyer du manège qui le montait dans une certaine incohérence nous fait signe de nous asseoir. Le maître reste debout et au bout de quelques minutes, hautain, se tourne vers moi et me dit à haute voix : « tu comprends ce qu'il fait ? Moi, pas !

A mes premiers séjours, il vint toujours me chercher à l'aéroport et je l'ai vu, à cheval dans son manège, ne pas répondre au salut d'un visiteur très important qui avait fait du bruit en montant l'escalier de la tribune.

Ce portait qui sera approuvé par certains sera contesté par d'autres qui auront apprécié son urbanité, sa gaieté, sa simplicité et sa gentillesse. Tout cela était une question de climat, de présentation. S'il discernait dans l'oeil de son interlocuteur, stagiaire ou simple visiteur l'éclat de l'admiration, il devenait le plus agréable et le plus simple des hommes.

Parmi la douzaine d'entre nous, dont son fils Joao, cavalier digne de son père, tous disciples sincèrement respectueux au long des trente années où nous ne cessâmes de bénéficier de son enseignement puis de ses conseils, aucun n'échappa à ses foudres. Soit que nous ayons commis un ouvrage écrit, produit un de nos chevaux dans un spectacle quelque peu important ou participé à une manifestation médiatisée, la tension montait puis s'apaisait sur un « Tu sais que je t'aime », viril et repentant. De même qu'il lui arrivait d'opposer quelques considérations très dures à notre encontre à quelqu'un qui nous louait, de même il en mis un autre à la porte qui critiquait mon équitation.

Il avait ceci de remarquable et qui tempérait ses excès, c'est que contrairement à bien d'autres chefs d'écoles artistiques qui dissimulent toujours une partie de leur savoir, il ne pouvait nous voir en difficulté sans s'acharner à nous en sortir.

Il est le seul écuyer que je connaisse qui toute sa vie,dans son enseignement, démontra ce qu'il attendait de ses élèves en montant leurs chevaux, sans jamais les abandonner avant qu'ils n'aient eux-mêmes atteint l'objectif fixé.

Il ne s'attachait pas à l'importance sociale de ceux qui venaient à lui et il fut toujours trop peu intéressé à ce qu'il pouvait financièrement obtenir par son talent et sa réputation qui devint vite internationale. Je l'ai vu conserver gratuitement quelques semaines de plus, de jeunes élèves à bout de finances, offrir un cheval à un sous-maître de Saumur qu'il avait apprécié lors de son stage. Il fut pauvre sa vie entière et, mis à part son manège dans une campagne isolée, il ne posséda et ne laissa rien.

Sa satisfaction fut évidente lorsque le général Durand alors Ecuyer en Chef à Saumur, le pria de visiter régulièrement l'Ecole ; de même lorsque peu de temps avant sa disparition, à la demande du Docteur Klimcke, multiple champion olympique et mondial, j'organisais une rencontre entre ces deux très grands et très différents cavaliers. A son retour Klimcke me déclara « votre Maître est certainement le plus grand cavalier d'école que j'ai connu, c'est dommage qu'il n'ai pas de chevaux digne de lui ».

Nos relations ont été émaillées de ces orages, manifestations d'une tension qui le minait et qui l'a isolé dans les dix dernières années de sa vie. Lorsqu'on lui proposa la direction de l'Ecole Portugaise d'Art Equestre, il en fut touché mais la refusa au nom de son indépendance et de ses engagements à l'étranger. Il recommanda pour cette noble tâche le docteur Guilherme Borba, le meilleur d'entre nous, qui a contribué à l'élever au niveau d'une institution de classe internationale, mais chaque fois que l'on évoquait l'Ecole en sa présence, on provoquait une réaction peu amène et très injuste qui dissimulait une douloureuse frustration.

Très loin de la compétition, ses préoccupations ne portaient pas tant sur la taille, les allures ou le modèle des chevaux mais beaucoup plus sur la sensibilité extrême qu'il qualifiait de finesse.

Une de ses ferventes admiratrices dont la fortune n'avait d'égale que le charme et la générosité, m'ayant entendu déplorer la situation de sa cavalerie, vint me voir à Paris pour me dire : « Choisissez deux chevaux de premier ordre, je les règle et lui confie à vie ». J'ai du lui expliquer qu'il détecterait le complot et n'accepterait pas les chevaux.

Quelques temps après cette personne disparue tragiquement et je lui révélais cette anecdote un peu pour sanctionner son comportement. Il me pris par les épaules et me dit en souriant : « tu me connais bien ».

C'est ainsi qu'il nous a privé du rare spectacle de la conjonction de son talent avec des sujets d'exception.

Michel Henriquet

Baucher et ses chevaux

Archives admirables

Merci à  Guy Boivin pour la richesse de sa documentation

http://www.equitationfrancaise.fr/

dimanche 11 décembre 2016

Baucher et son école

" Après un rappel, où  Baucher parut à pied, assez empêtré dans son sabre, l'orchestre attaqua la " Parisienne ", un peu oubliée depuis 1830, mais qui marquait bien le sens donné par le public au succès  de la nouvelle école. Avec elle triomphaient libéraux et romantiques. La défaite des " perruques " était consommée par cette victoire définitive dans l'épreuve que l'emphase de Rul avait déjà baptisée " la seconde bataille d'Hernani".

dimanche 12 janvier 2014

Plaisirs équestres

Lecture du jour...
"Le secret de nos ancêtres, c'est que l'étendue ou à volonté l'élévation du geste du cheval réside dans la liberté que lui laisse son cavalier, simplement limité par le souci de l'orienter. La première manifestation de la liberté d'ensemble du cheval est la liberté de sa bouche.
Nuno Oliveira ne nous a offert encore qu'un apéritif. Mais un apéritif de la classe des délicats cocktails d'Albert du Ritz. Au Cirque d'hiver, où les artistes du cirque faisaient paraître ce qu'ils ont de meilleur, tous les "numéros" ont été fort applaudis. naturellement les amateurs d'équitation sérieuse ne constituaient qu'une infime minorité. Et cependant le cavalier d'Euclide, au milieu de tant de succès, a obtenu un triomphe. Sept rappels d'une foule barbare, répétés au moment du " défilé final de toute la troupe". Monsieur Oliveira, revenez nous! Vous nous montrerez ce que nous avons été incapables de recueillir, mais que vous avez recueilli pour nous: l héritage de nos propres pères. "

Plaisirs Équestres numéro 13
Printemps 1964


https://www.youtube.com/watch?v=imbmKjHEDs0&feature=youtube_gdata_player

jeudi 9 janvier 2014

French équitation de Bussigny

Lecture de rentrée...
Conseillé par des amis cavaliers: Henri L. de Bussigny, French Equitation, un baucheriste en Amérique.

"French equitation est la traduction française d’un traité d’équitation publié à Boston en 1922 après le décès de son auteur, Henry L. de Bussigny, ancien officier de cavalerie passé par Saint-Cyr et Saumur, qui se dit élève du comte d’Aure, de Baucher, de Raabe, et admirateur de Fillis."
(Source France Culture )




La splendeur du bonheur

"Quand on a vu une seule fois la splendeur du bonheur illuminer le visage d'un être aimé, on comprend que pour l'homme, il ne peut y avoir d'autre vocation que de susciter cette lumière sur les visages qui l'entourent".(Albert Camus)

Le poète


Le poète est ainsi dans les landes du monde;
Lorsqu'il est sans blessure il garde son trésor.
Il faut qu'il ait au coeur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d'or.

Théophile Gautier

Le centaure

Le centaure...
«Moi seul, me disais-je, j’ai le mouvement libre, et j’emporte à mon gré ma vie de l’un à l’autre bout de ces vallées. Je suis plus heureux que les torrents qui tombent des montagnes pour n’y plus remonter. Le roulement de mes pas est plus beau que les plaintes des bois et que les bruits de l’onde ; c’est le retentissement du centaure errant et qui se guide lui-même»


Maurice de Guérin

( merci à celui, discret, qui me glissa ces quelques phrases sous les yeux... magnifique découverte)


 

mercredi 20 novembre 2013

Déscription du Général L'Hotte, extrait des mémoires du lieutenant Broissiat

       "Par son abord d'une froideur excessive, par la rareté de ses paroles, la sévérité de son regard et la rigidité de sa tournure, il nous faisait l'effet d'un de ces personnages énigmatiques faits pour frapper les imaginations. Il ne se montrait au milieu de nous qu'à de rares intervalles et toujours dans des rôles si bien étudiés et si bien préparés qu'il nous apparaissait comme exempt de toute faiblesse humaine et comme incapable de commettre la plus petite faute. Nous le redoutions, comme la pauvre médiocrité redoute la plus grande perfection. Et pourtant, il avait des faiblesses comme tout le monde ce grand homme. Ses faiblesses, ils les montraient à toutes les générations d'officiers qui depuis dix ans lui succédaient à l'école, par sa liaison bien connue et fort scandaleuse avec le femme d'un de ses capitaine écuyer. Après elle, ce fut avec d'autres femmes, toujours choisies dans le personnel placé sous ses ordres. On en jasait dans chaque promotion et par conséquent dans toute la cavalerie [...] A l'école, tout le monde avait les yeux sur lui. Sa manière d'être nous en imposait. Nous étions même intrigués par les longues heures qu'il passait seul à seul avec son cheval au manège. Elles étaient entourées de tant de mystères et exigeaient une telle mise en scène que nous nous demandions ce qu'ils pouvaient faire tous les deux quand ils s'enfermaient dans ce grand manège qui porte aujourd'hui son nom. Personne ne pouvait en approcher, des cavaliers de remonte en gardaient sévèrement l'entrée, faisant passer au large les curieux tentés de s'y arrêter. Eux même ne parlaient qu'à voix basse de peur de déranger le maître. En dépit de ces travers, le colonel l'Hotte était un incomparable cavalier et le seul reproche sérieux qu'on puisse vraiment lui faire du point de vue de sa spécialité, c'est de n'avoir pas voulu faire profiter les autres de son talent. Il garda toute sa vie le secret de sa science." 
 

Les écuyers du Cadre Noir

http://www.amisducadrenoir.fr/grands_ecuyers_de_saumur.htm

mardi 19 novembre 2013

Vallerine, le testament d'un écuyer

" La fin de Vallerine n'est pas connue. Pendant la débâcle, Madame Paul Lajoinie qui montait régulièrement la jument, depuis 1927, partit avec elle sur les routes en direction du sud de la France. Arrivée à l'entrée d'un village en Anjou, elle l'attacha pour effectuer quelque course de ravitaillement. A son retour, il n'y avait plus de jument. Vallerine n'a donc pas de fin. Elle continue de vivre ...par l'admiration qu'elle suscite dans l'imaginaire des cavaliers qu'elle met en émoi et dont elle guide les recherches. L'histoire rapporte que certains écuyers répétaient à leurs élèves " en avant" , d'autres " léger", etc, la leçon de Beudant est "plus simple"....
" Mais cela est école pour Princes
"                Patrice  Franchet d'Espèrey

jeudi 14 novembre 2013

Nuno oliveira- Antoine de Coux

" Beaucoup de cavaliers, au nom de l'impulsion, ont leur cheval trop tendu. D'autres, au nom de la légèreté, ont leur cheval trop abandonné. La vérité est au milieu."

Paroles du maître Nuno oliveira
 
 

mardi 12 novembre 2013

Nuno Oliveira

" En équitation civilisée, on place un cheval avec les jambes. En équitation rudimentaire, on place un cheval avec les mains. En équitation civilisée, pour arranger les choses ( si le cheval se met en crispation), on revient au pas. En équitation rudimentaire, on pousse, on tire, on pique, on allonge."

                           Parloes du Maître Nuno Oliveira, Antoine De Coux



Kurt Albrecht

" L'Art Equestre ne se mesure pas au degré de difficulté de certains exercices, mais au seul degré d'harmonie entre le cavalier et son cheval, et à l'expression visible de cette dernière. (...)
C'est ainsi que l'art équestre est indissolublement lié au savoir-faire du cavalier  et n'a rien avoir avec le degré de dressage du cheval."

lundi 11 novembre 2013

Passion

 
"Un Artiste n'est pas un ouvrier du divertissement qui compte ses heures, il se consume au feu de sa passion"
 
 
 


Bartabas

mardi 5 novembre 2013

Duplessis, " Le premier homme de cheval de son siècle"


Dans l'Art de la cavalerie de Gaspard de Saunier, se trouve le récit suivant. " Je me souviens, dit l'auteur, qu'un des premiers seigneurs de France, conduisant son fils, qui était alors la tête de tous les célèbres écuyers que j'ai nommés, je me souviens, dis-je, que ce seigneur lui dit en l'abordant: " je ne vous amène pas mon fils pour en faire un écuyer, mais je vous prie simplement de bien vouloir lui enseigner à bien accorder ses jambes et ses mains avec la pensée de ce qu'il voudra faire faire à son cheval." M. Duplessis lui répondit, devant moi qui avais l'honneur d'être alors un de ses disciples: " monseigneur, il y a environ soixante ans que je travaille pour apprendre ce que vous me faîtes l'honneur de me dire; et vous me demandez là précisément tout ce que j'ambitionne de savoir."


Citation puisée dans Un officier de Cavalerie, Souvenirs du Général L'Hotte

Paul De Courtivron et Zégris

Le capitaine Paul de Courtivron, rendant ses impressions après avoir monté le cheval d'Alexis L'Hotte, Zegris:

"Il coule sous l'action des jambes, à la façon d'un noyau de cerise qui glisse sous la pression des doigts, et la mobilité de la mâchoire communique à la main une impression de douceur qui fait songer à celle que l'on devrait ressentir en plongeant la main dans des œufs à la neige"

Un officier de cavalerie
Chapitre XVII

La guérinière

"Toutes les sciences et tous les Arts ont des principes et des règles, par le moyen des quelles on fait des découvertes qui conduisent à leur perfection. La Cavalerie et le seul Art pour lequel il semble qu'on ait besoin que de pratique; cependant la pratique dépourvue de vrais principes n'est autre chose qu'une routine, dont le fruit est une exécution forcée et incertaine et un faux brillant qui éblouit les demi-connaisseurs surpris souvent par la gentillesse du Cheval plutôt que par le mérite de celui qui le monte. De là tient le petit nombre de Chevaux bien dressés, et le peu de capacité qu'on voit présentement dans la plus part de ceux qui se disent Hommes de Cheval"

François Robichon de la Guérinière
                        

http://daniel.jugnet.free.fr/


jeudi 9 mai 2013

Nuno Oliveira et Euclides

Extrait du film de Laurent Desprez: L'écuyer du XX ème siècle ...
" J'avais le sentiment de monter un cheval de sport dressé et mis comme un cheval d'écuyer" Général Durand en parlant d'Euclides


samedi 20 avril 2013

Q'est ce que la légèreté

" Pour affiner ces sollicitations et par conséquent ces perceptions, le cheval doit être parfaitement dégagé d'un état émotionnel de fatigue, de douleur. Le vibrant sera rendu avec générosité et plaisir. Ces échanges peuvent conduire jusqu'à cette communication, à la limite de l'irrationnel dans le cas du très grand art, où le couple finit par s'oublier dans l'intensité de leur dialogue"

Docteur Jean Marie Denoix, Jean Pierre Pailloux.


jeudi 4 avril 2013

Mazeppa de Bartabas, ou la rencontre entre Franconi et le peintre Géricault

Pour moi comprendre un cheval c'est me couler dans la lenteur de son âme, tu peux appeler cela de la patience?
Pense à la caresse qui dénoue ta partenaire, contemple la, nourris-toi d'elle, vois ce que tu aimes.
Alors tu te montres généreux, ne veux rien qu'elle ne veuille.
A cheval je ne fais que cela !
Je n'impose pas je propose, en somme nous forniquons passionnément.
Soit déraisonnable! mais ne veux rien que le cheval ne veuille.
Oppose toi à tes maîtres ! Mais pas a lui !
Impose la patience à ta main, laisse les chevaux te la prendre humblement. 

lundi 18 mars 2013

Petit traité d'équitation

Olivier de Carné, Traité pratique d'équitation

Militaire engagé dans la cavalerie, l’auteur se tournera ensuite vers le journalisme hippique après la « grande guerre », dispensant parallèlement l’enseignement de l’équitation au Touring-Club de France. Il a écrit plusieurs ouvrages sous le pseudonyme de " Prince Errant " ( Lettres à Philippe et Dressage simplifié et flexions)



Notre lien vers le modernisme

http://www.facebook.com/bourgogne.art.equestre

Olivier de Carné

Lettres à Philippe

" Le tact équestre sera donc, en somme, la perception par l'assiette, seule qualifiée pour cela, des moindres actions du cheval; et la transmission immédiate par les aides de l'acceptation ou de la correction des dites actions.
Plus tout cela est facile et rapide, plus le tact est fin, et plus le dresseur est habile.
Tu vois, d'après cet exposé succinct, que le tact équestre ne s'improvise pas; il est le résultat de longues, longues études; d'expériences innombrables, de réussites et de déboires, par conséquent de beaucoup de temps.
Je ne veux pas te lancer encore dans l'équitation supérieure, car je ne puis croire que ton tact soit assez fin pour en aborder les énormes difficultés.
Travaille encore dans le sens que je t'indique; fais tes gammes, mon cher Philippe; tu ne peux pas encore jouer ton grand morceau; des cavaliers plus habiles que toi l'ont compris trop tard, et se sont patiemment remis à l'école.
Courage et patience.
Prince Errant"


 Avec des illustrations de Pierre Chambry

Le testament de Baucher


"Le 7 Mars, je retournai rue Amelot. Je trouvai Baucher couché; sa voix était moins faible; il me parut aller un peu mieux, mais c'était un mieux trompeur.
Il me parla de son régiment et m'entretint encore de ses derniers moyens:" J'ai peut-être pu réussir un peu mieux que vous, me dit-il, parce que j'avais plus l'habitude. j'ai vu, j'ai fait, et, bien sûr, c'est là qu'est le dernier mot de l'équitation. Le bridon! c'est si beau!"
Alors, prenant ma main et lui donnant la position de la main de bride, il dit: rappelez-vous bien, toujours ça" et il immobilisa ma main sous la pression de la sienne. " jamais ça", et il rapprocha ma main de ma poitrine " Je suis heureux de vous donner encore ça avant de mourir."
En le quittant, je l'embrassai et sa main sera affectueusement la mienne. Je ne devais plus le revoir que dans le cercueil. "

Général L' Hotte
Un officier de cavalerie


jeudi 7 mars 2013

Thelwell

Norman Thelwell

L'humour anglais version poneys cartoonisés


dimanche 3 mars 2013

La bibliothèque

La bibliothèque de l'Association Bourguignonne d'Art Équestre


Nouveaux ouvrages référencés:

                 Yves Benoist-Gironière
                      *A cheval ma mie

                 Lieutenant Colonel Remy Repellin
                      * L'instruction du cavalier






A venir 

Par Dominique Ollivier
  Qu'est ce que la légèreté

"François BAUCHER a fait de la Légèreté le but de toutes ses recherches. Aujourd'hui, la science apporte sa caution à celui dont le travail constitue une formidable opportunité pour les cavaliers désireux de s'approprier une équitation à la valeur artistique éblouissante. La légèreté sans BAUCHER n'a pas de sens. Avec ce livre, elle est, désormais, accessible à tous ceux qui voudront bien se donner la peine d'apprendre à la maîtriser."

pour commander ce livre:

http://www.edhippos.com/index.php?page=catalogue


 


Lecture, relecture... Relire encore Kurt Albrecht

 

 " Ce qu'il faut surtout c'est monter beaucoup tout en ne laissant pas les livres se couvrir de poussières sur les étagères" N. OLiveira.

Dogmes de l'Art Équestre

Par Kurt Albrecht

Notre contemporain, le Général Albrecht est né en 1920 en Autriche.
Il fût nommé à l'Ecole Espagnole d'équitation en 1965. Puis en fût le directeur jusqu'en 1983.

Son livre donne les " lignes directrices à l'usage du cavalier pensant " et les fondements de l'Art Équestre reposant sur les aspects incontournables de la physique et l'aspect psychologique " dont le cavalier devrait toujours être soucieux dans ses relations avec le cheval."
Des paragraphes courts facilitent la lecture de ce livre indispensable et permettent d'interpeller l'intellect de l'aspirant cavalier... A lire... Et à relire



vendredi 25 janvier 2013

Le cheval, Poeme de Victor Hugo

Je l'avais saisi par la bride ;
Je tirais, les poings dans les noeuds,
Ayant dans les sourcils la ride
De cet effort vertigineux.

C'était le grand cheval de gloire,
Né de la mer comme Astarté,
À qui l'aurore donne à boire
Dans les urnes de la clarté ;

L'alérion aux bonds sublimes,
Qui se cabre, immense, indompté,
Plein du hennissement des cimes,
Dans la bleue immortalité.

Tout génie, élevant sa coupe,
Dressant sa torche, au fond des cieux,
Superbe, a passé sur la croupe
De ce monstre mystérieux.

Les poètes et les prophètes,
Ô terre, tu les reconnais
Aux brûlures que leur ont faites
Les étoiles de son harnais.

Il souffle l'ode, l'épopée,
Le drame, les puissants effrois,
Hors des fourreaux les coups d'épée,
Les forfaits hors du coeur des rois.

Père de la source sereine,
Il fait du rocher ténébreux
Jaillir pour les Grecs Hippocrène
Et Raphidim pour les Hébreux.

Il traverse l'Apocalypse ;
Pâle, il a la mort sur son dos.
Sa grande aile brumeuse éclipse
La lune devant Ténédos.

Le cri d'Amos, l'humeur d'Achille
Gonfle sa narine et lui sied ;
La mesure du vers d'Eschyle,
C'est le battement de son pied.

Sur le fruit mort il penche l'arbre,
Les mères sur l'enfant tombé ;
Lugubre, il fait Rachel de marbre,
Il fait de pierre Niobé.

Quand il part, l'idée est sa cible ;
Quand il se dresse, crins au vent,
L'ouverture de l'impossible
Luit sous ses deux pieds de devant.

Il défie Éclair à la course ;
Il a le Pinde, il aime Endor ;
Fauve, il pourrait relayer l'Ourse
Qui traîne le Chariot d'or.

Il plonge au noir zénith ; il joue
Avec tout ce qu'on peut oser ;
Le zodiaque, énorme roue,
A failli parfois l'écraser.

Dieu fit le gouffre à son usage.
Il lui faut les cieux non frayés,
L'essor fou, l'ombre, et le passage
Au-dessus des pics foudroyés.

Dans les vastes brumes funèbres
Il vole, il plane ; il a l'amour
De se ruer dans les ténèbres
Jusqu'à ce qu'il trouve le jour.

Sa prunelle sauvage et forte
Fixe sur l'homme, atome nu,
L'effrayant regard qu'on rapporte
De ces courses dans l'inconnu.

Il n'est docile, il n'est propice
Qu'à celui qui, la lyre en main,
Le pousse dans le précipice,
Au-delà de l'esprit humain.

Son écurie, où vit la fée,
Veut un divin palefrenier ;
Le premier s'appelait Orphée ;
Et le dernier, André Chénier.

Il domine notre âme entière ;
Ézéchiel sous le palmier
L'attend, et c'est dans sa litière
Que Job prend son tas de fumier.

Malheur à celui qu'il étonne
Ou qui veut jouer avec lui !
Il ressemble au couchant d'automne
Dans son inexorable ennui.

Plus d'un sur son dos se déforme ;
Il hait le joug et le collier ;
Sa fonction est d'être énorme
Sans s'occuper du cavalier.

Sans patience et sans clémence,
Il laisse, en son vol effréné,
Derrière sa ruade immense
Malebranche désarçonné.

Son flanc ruisselant d'étincelles
Porte le reste du lien
Qu'ont tâché de lui mettre aux ailes
Despréaux et Quintilien.

Pensif, j'entraînais loin des crimes,
Des dieux, des rois, de la douleur,
Ce sombre cheval des abîmes
Vers le pré de l'idylle en fleur.

Je le tirais vers la prairie
Où l'aube, qui vient s'y poser,
Fait naître l'églogue attendrie
Entre le rire et le baiser.

C'est là que croît, dans la ravine
Où fuit Plaute, où Racan se plaît,
L'épigramme, cette aubépine,
Et ce trèfle, le triolet.

C'est là que l'abbé Chaulieu prêche,
Et que verdit sous les buissons
Toute cette herbe tendre et fraîche
Où Segrais cueille ses chansons.

Le cheval luttait ; ses prunelles,
Comme le glaive et l'yatagan,
Brillaient ; il secouait ses ailes
Avec des souffles d'ouragan.

Il voulait retourner au gouffre ;
Il reculait, prodigieux,
Ayant dans ses naseaux le soufre
Et l'âme du monde en ses yeux.

Il hennissait vers l'invisible ;
Il appelait l'ombre au secours ;
À ses appels le ciel terrible
Remuait des tonnerres sourds.

Les bacchantes heurtaient leurs cistres,
Les sphinx ouvraient leurs yeux profonds ;
On voyait, à leurs doigts sinistres,
S'allonger l'ongle des griffons.

Les constellations en flamme
Frissonnaient à son cri vivant
Comme dans la main d'une femme
Une lampe se courbe au vent.

Chaque fois que son aile sombre
Battait le vaste azur terni,
Tous les groupes d'astres de l'ombre
S'effarouchaient dans l'infini.

Moi, sans quitter la plate-longe,
Sans le lâcher, je lui montrais
Le pré charmant, couleur de songe,
Où le vers rit sous l'antre frais.

Je lui montrais le champ, l'ombrage,
Les gazons par juin attiédis ;
Je lui montrais le pâturage
Que nous appelons paradis.

— Que fais-tu là ? me dit Virgile.
Et je répondis, tout couvert
De l'écume du monstre agile :
— Maître, je mets Pégase au vert.